sociales. « Le riche et le pauvre Lazare, la générosité envers les pauvres, la résignation terrestre, la vengeance qu’après cette vie, le Dieu, qui aime les pauvres, exerce, au moyen des peines éternelles de l’enfer, sur ceux qui ont été les privilégiés de ce monde-ci, voilà les idées fondamentales de celui qui établit le royaume du Messie, et Zachée savait bien ce qui plaisait à Jésus, quand il lui promit de distribuer aux pauvres la moitié de ce qu’il possédait. Tel est le dualisme éthique dans sa forme la plus caractéristique. Mammon est injuste ; c’est dans sa nature ; ne pas s’occuper de Mammon, attendre les bienfaits de Dieu et des hommes, voilà le vrai, et si les méchants ont le cœur trop dur pour donner (ou s’ils réclament du travail plutôt que l’aumône), on ne pensera pas à honorer le travail, mais on endurera la misère et on l’oubliera dans l’enivrement que procurent, comme l’opium, les représentations de félicite du royaume du Messie ou de la vie future en général. Saint Paul était trop instruit et trop habitué au travail pour avoir des idées aussi grossières que Jésus sur la mendicité ; mais chez lui le déplorable principe de la mendicité du christianisme pénétra à l’intérieur, où son action fut encore plus pernicieuse la grâce de Dieu remplaça l’action morale consciente et le principe de la révélation se substitua au travail de recherche. Pour commencer à dompter les barbares, l’ivresse de l’opium intellectuel pouvait être bonne ; aujourd’hui son action paralyse et déprime. » — Il s’exprimait d’une façon identique, dans une lettre du 29 juin 1869, à propos de la critique de la morale chrétienne dans Valliss (33) : Théorie des devoirs de l’homme. « L’auteur dénonce les défauts de l’éthique chrétienne, notamment le peu de cas qu’elle fait du travail (dans le sens le plus large du mot), tandis qu’elle favorise des jongleries morales, comme par exemple « l’amour pour nos ennemis » (amour accouplé avec la damnation aux peines éternelles de l’enfer prononcée contre les adversaires du christianisme et contre ceux dont la prospérité a excité l’en-
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