servent guère des illusions. Nous avons quelques propositions très-générales, qui reposent sur une induction fort incomplète, et, avec leur aide, on traverse dans de larges analyses le terrain des phénomènes psychiques pour découvrir ce que l’on pourrait ramener à ces prétendues lois de l’association. Mais si, au lieu de se borner à analyser les idées générales de phénomènes psychiques, on veut aborder la vie et chercher à comprendre la succession des représentations dans des cas déterminés, telle par exemple qu’elle s’offre au médecin aliéniste, au criminalise ou au pédagogue, on ne peut nulle part faire un pas en avant sans se heurter aux « représentations inconscientes », qui empiètent sur le cours des représentations, complètement d’après les lois de l’association, encore qu’à vrai dire elles ne soient nullement des représentations, mais seulement des fonctions du cerveau pareilles à celles qui se rattachent à la conscience (57).
Toutefois, à côté de la théorie de la succession des représentations, nous avons encore un autre domaine de la psychologie empirique, qui est accessible à des recherches rigoureusement méthodiques. C’est la statistique anthropologique, dont le noyau a été jusqu’ici la statistique morale. Nous nous trouvons ici placés sur le véritable domaine de ce que Kant appelait l’ « anthropologie pragmatique », c’est-à-dire qu’il s’agit maintenant d’une science de l’homme considéré comme un « être agissant librement », par conséquent à n’en pas douter, du côté spirituel de l’homme, quoique la statistique ne se préoccupe nullement de la distinction entre l’âme et le corps. Elle enregistre les actions et les événements humains et, en combinant ces notes, elle laisse plonger maints regards, non-seulement dans le mécanisme de la vie sociale, mais encore dans les motifs qui dirigent les actes de l’individu.
En réalité, on peut utiliser presque toute la statistique au profit de l’anthropologie exacte, et l’on se tromperait en croyant ne pouvoir déduire des conclusions psychologiques