inspirations supérieures et sous l’impulsion de forces étrangères à la volonté, venues on ne sait d’où, nous précipite dans l’illuminisme ou dans des terreurs continuelles. » « Car, sans nous en apercevoir, nous faisons ainsi de prétendues découvertes de ce que nous avons nous-mêmes introduit dans notre esprit, comme une Bourignon, un Pascal ou même un Albert Haller, intelligence d’ailleurs si remarquable qui, après avoir longtemps rédigé et souvent, interrompu le journal de son état psychique, en vint au point de demander à un théologien célèbre, son ancien confrère à l’Académie, au Dr Less, si, dans son riche trésor de théologie, il ne pourrait pas trouver une consolation pour son âme inquiète et anxieuse. » Kant ajoute « La connaissance de l’homme au moyen de l’expérience interne a d’ailleurs une grande importance, parce qu’en se jugeant lui-même, il juge en même temps d’autres hommes ; toutefois l’étude de soi-même est peut-être plus difficile que celle d’autrui ; car, au lieu de s’observer, on introduit aisément dans sa conscience quelque chose du dehors ; il est convenable et même nécessaire de commencer par les phénomènes observés en soi-même, puis seulement de passer à l’affirmation de certaines thèses qui concernent la nature humaine, c’est-à-dire à l’expérience interne. »
Kant fonda donc sa propre psychologie empirique non sur l’étude de lui-même, mais essentiellement sur celle des autres. Il avait cependant assigné, dans sa Critique de la raison pure, au « sens interne » un domaine spécial, et ce champ d’exercices de la fantaisie métaphysique devait nécessairement amener des abus (43). On laissa, il est vrai, les hallucinations et la folie au XVIIIe siècle, dont le caractère exalté se prêtait mieux à ces divagations ; mais tout ce que peuvent faire le caprice, la fantaisie, la spéculation toujours inquiète, a été fait consciencieusement par l’introduction d’inventions quelconques dans le prétendu champ d’observation du sens interne. Un modèle en ce genre nous a été