Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tuelles actives ? Encore que quelques représentants du matérialisme se soient rapprochés de cette théorie plus qu’ils n’auraient dû le faire, elle n’a exercé qu’une médiocre influence sur l’entier développement de la physiologie moderne des nerfs.

C’est bien ! mais le mal principal, qui jusqu’ici a empêché d’élucider les rapports du cerveau avec les fonctions psychiques, nous paraît se trouver simplement dans la cause qui a aussi fait échouer la phrénologie, dans la personnification d’idées abstraites mises à la place de la simple compréhension du réel, autant du moins qu’il peut être saisi. Quelle voie nous conduit au cerveau ? Les nerfs ! En eux nous avons, pour ainsi dire, développée devant nous une partie de ces masses compliquées. Nous pouvons expérimenter sur les nerfs, car nous pouvons les prendre et les étudier un à un avec succès. Nous y trouvons des directions, des courants électriques, des influences sur la contraction des muscles, sur la sécrétion des glandes ; nous constatons des réactions sur les organes du centre. Nous rencontrons le phénomène spécial des mouvements réflexes, qui déjà, plus d’une fois, avec une évolution, riche en promesses, vers le mieux, a été regardé comme l’élément fondamental de toute activité psychique (25). Mais combien la personnification est ici un obstacle ou plutôt avec quelle difficulté surgit du milieu des idées habituelles la pensée exacte, qui consiste à déduire le personnel de l’impersonnel, voilà ce qu’établit, comme l’exemple le plus remarquable, l’histoire des expériences de Pflüger sur l’importance psychique des centres de la moelle épinière. Pflüger montre avec beaucoup de sagacité et un grand talent d’expérimentation que des grenouilles et d’autres animaux décapités, même des queues de lézard séparées du corps, continuent à faire longtemps des mouvements auxquels nous ne pouvons refuser le caractère de la finalité. Voici le cas le plus intéressant une grenouille décapitée reçoit une goutte d’acide sur le dos ; elle essuie la goutte avec la patte dont