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partie sur des terrains qui ne touchent guère à la question du matérialisme. On a éliminé les fantômes des maladies ; on a commencé à ébranler un peu le cléricalisme médical et obtenu, à l’aide de la physiologie comparée et expérimentale, des résultats surprenants relatifs aux fonctions des principaux organes internes. Quant aux problèmes qui touchent immédiatement aux questions du matérialisme, les recherches les plus récentes ont démontré l’insuffisance des conceptions antérieures, sans les remplacer par une théorie nouvelle qui puisse servir d’appui solide au matérialisme. Le fonctionnement du système nerveux n’est plus pour nous un mystère, comme il l’était encore ou aurait dû l’être pour les matérialistes du XVIIIe siècle. Le cerveau a été, sous certains rapports, mieux compris que par le passé on l’a étudié anatomiquement avec une ardeur extrême, mesuré, pesé, analysé, examiné au microscope, scruté dans ses formes pathologiques, comparé à des cerveaux d’animaux et soumis à l’expérimentation chez les animaux ; quant à la connexion physiologique et à l’action de ses parties, on n’est pas même parvenu à établir une hypothèse d’ensemble ; on n’en débite que plus de fables, et, sur ce point, les matérialistes ne sont pas en retard. Un terrain dont l’exploitation a été plus fructueuse pour eux, est celui des métamorphoses de la matière et en général l’application de la physique et de la chimie aux fonctions de l’organisme vivant. Ici, à vrai dire, maints résultats d’une recherche prétendue exacte sont encore exposés à une critique qui les amoindrit fortement ; mais, en somme, on ne saurait contester le succès des efforts tentés pour nous représenter l’homme vivant, tel qu’il nous est donné dans son extérieur, de même que tous les corps organiques et inorganiques, comme un produit des forces qui agissent dans la nature entière. Une étude extrêmement importante, la physiologie des organes des sens, a, par contre, fourni des arguments péremptoires pour l’élimi-