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dire, leur plan de développement, ou déterminer tous les rapports de la morphologie avec la genèse des organismes. Nous devons en effet admettre la théorie d’après laquelle des propriétés inconnues de la matière, vraisemblablement chimiques, peuvent exercer une influence décisive sur le développement des êtres, sur leur forme future et leurs habitudes vitales, tandis que ces mêmes propriétés existent déjà dans les formes élémentaires premières, sans nous offrir de différence qu’il soit possible de constater.

Or ce qui est applicable à l’individu doit l’être aussi à l’ensemble des organismes dans leur développement historique les formes primitives simples, par lesquelles tous les êtres doivent passer, ne sont pas nécessairement identiques quant à leur essence. Elles peuvent, dans une structure délicate, imperceptible pour nous, ou dans leur composition chimique, différer autant qu’elles paraissent morphologiquement identiques. Quelque importante que puisse donc être la théorie de la gastrula de Hæckel comme achèvement de la morphologie et comme complément hypothétique de toute la théorie de la descendance, on n’y trouvera cependant jamais de preuve en faveur de la descendance mono phylétique, c’est-à-dire de l’origine de tous les organismes comme provenant d’une seule et même espèce d’êtres primitifs (80).

A priori, il est naturellement bien plus vraisemblable que, dès le commencement de la vie, il existait un plus grand nombre de germes quelque peu dissemblables et non susceptibles d’un développement identique, soit que l’on fasse provenir ces germes de la poussière météorique de l’espace cosmique, soit que la vie ait dû son développement aux monères du fond de la mer. Mais si l’on accorde une valeur particulière à l’origine « polyphylétique » des organismes, parce qu’elle semble fournir les moyens de séparer l’homme d’avec le reste du monde animal, nous retrouverons, dans le chapitre suivant, l’occasion de montrer qu’à