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l’on peut très-bien ranger parmi les « réflexes réguliers », pour peu que l’on s’habitue à l’idée qu’à côté des phénomènes réflexes se passant instantanément, il peut y en avoir d’autres qui ne se produisent que très-lentement et dont l’action ne se manifeste qu’au bout de plusieurs générations. Ces phénomènes réflexes, semblables aux réflexes réguliers bien connus de la moelle épinière des vertébrés, visent en même temps un but, et l’on peut très-simplement les ramener à l’antique principe d’Empédocle, d’après lequel les êtres appropriés à leurs fins peuvent seuls se maintenir et se développer, tandis que les êtres mal conformés, qui sont pareillement possibles en soi et fréquents, périssent et disparaissent sans laisser de traces.

Au reste la théorie que nous exposons ici comme la plus naturelle et la plus vraisemblable, ne doit en aucune façon faire éliminer la sélection naturelle ni la lutte pour l’existence. Nous regardons au contraire ces puissants leviers de tout développement comme également constatés au point de vue empirique et au point de vue rationnel et nous pensons qu’ils concourent, dans toutes les circonstances, avec les influences plus positives, à la production des formes, de telle sorte que le véritable perfectionnement et achèvement de toutes les formes, l’élimination des formes intermédiaires et imparfaite set le maintien complet de l’équilibre entre les organismes, reposent essentiellement sur le grand facteur introduit par Darwin dans l’étude de la naturel On ne doit pas, il est vrai, oublier qu’au perfectionnement et à l’achèvement des formes organiques peuvent encore coopérer d’autres facteurs plus positifs sans doute, auxquels ne se rattachent la sélection et la lutte pour l’existence, que comme un grand régulateur favorisant ce qui est parfait et détruisant ce qui est imparfait. Mentionnons d’abord le principe de la « corrélation de la croissance » (73), mis en relief à plusieurs reprises par Darwin lui-même. D’après ce principe, les modifications de formes, qui en soi n’ont rien à