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le chêne entier aussi bien que pour le plus petit fragment d’une feuille arrachée. Nos modernes aristotéliciens attachent de l’importance à ceci que la partie organique ne peut naître et vivre que dans l’organisme. Mais on n’a que faire de la domination mystique exercée par le tout sur lapartie. En réalité, la cellule végétale arrachée continue sa vie de cellule, de même que le cœur arraché à la grenouille palpite encore. Si la cellule ne reçoit plus de sève, elle meurt, comme meurt en pareil cas l’arbre tout entier ; la durée plus ou moins longue de l’existence dépend des circonstances et non de l’essence de la chose. Il vaudrait mieux attacher de l’importance à ceci, à savoir que les plantes ne résultent pas d’une agglomération extérieure de cellules, que chaque cellule ne se forme pas directement de la substance nutritive pour se réunir ainsi au tout, mais naît toujours d’autres cellules par la division de ces dernières. En réalité, la thèse aristotélique, que le tout existe avant la partie, s’applique principalement au monde organique autant que nous pouvons le voir ; mais, quoique la nature en général agisse de la sorte, nous n’avons pas le droit de donner à cette thèse une trop grande extension. Déjà le simple fait de la greffe suffit pour la ramener aux étroites limites des thèses empiriques ordinaires. Au XVIIIe siècle, on se plaisait à faire l’opération de la transfusion du sang du corps d’un animal dans un autre, et cette opération réussissait parfois (62). De nos jours, on a directement transporté des parties organiques d’un corps sur un autre et on leur a ainsi donné la vie, encore l’expérimentation, dans cette branche, des conditions vitales, ne fait-elle guère que commencer. Bien plus, dans des plantes inférieures se rencontre la réunion de deux cellules en une seule à côté de leur division, et chez des animaux inférieurs on a même observé la réunion complète de deux individus. Les appendices radiants, suite de la génération des animalcules campaniformes (vorticella) se rapprochent souvent les uns des autres, se juxtaposent