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elles ressemblent au tout. Plus la créature devient parfaite, plus les parties deviennent dissemblables entre elles. Dans le premier cas, le tout ressemble plus ou moins aux parties ; dans le second, il ne ressemble pas aux parties. Plus les parties se ressemblent, moins elles sont subordonnées les unes aux autres. La subordination des parties indique une créature plus parfaite. »

Virchow, qui a utilisé cette pensée de Gœthe, dans une excellente conférence sur les atomes et les individus (60), doit être rangé au nombre des hommes qui, par des recherches positives et une théorie pleine de sagacité, ont contribué à nous faire comprendre les rapports des êtres, dont l’intime communauté forme « l’individu ».

La pathologie, jusqu’alors champ rempli de préjugés grossiers et d’idées superstitieuses, fut expliquée par lui d’après cette même vie des cellules, qui, dans ses phénomènes normaux, produit l’ensemble de la vie de l’individu à l’état de santé. L’individu est, d’après sa définition, « une communauté unitaire dans laquelle toutes les parties concourent à un but homogène ou, comme on peut aussi l’exprimer, agissent d’après un plan déterminé ». Ce but est nommé plus loin par Virchow interne et immanent. « Le but interne est en même temps une mesure extérieure que ne dépasse point le développement de l’être vivant. » L’individu, qui porte en lui son but et sa mesure, est par conséquent une unité réelle par opposition à l’unité de l’atome qui n’existe que dans la pensée.

Ici donc, dans la reconnaissance d’un but immanent, nous retrouvons l’élément formel primitif, dont la conception de la nature a un besoin tel qu’il est admis par Carl Vogt lui-même. Avec une précision que nous ne sommes pas habitués à rencontrer chez cet écrivain, il déclare, dans ses Tableaux de la vie animale, après avoir expliqué comment les premières formes reconnaissables de l’embryon sortent de l’agglomération cellulaire du vitellus de l’œuf : « Ce n’est