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doute reculée de la sorte, mais non rendue plus compliquée. En tout cas, on évite le grand écueil que rencontre l’explication des organismes dans la théorie de la condensation, de Kant. On tombe dans un processus sans fin, et « reculer » ainsi la question c’est reléguer en bonne compagnie la difficulté non encore résolue. De la sorte, l’origine de la vie devient aussi explicable et aussi inexplicable que l’origine d’un monde en général elle entre dans le domaine des questions transcendantes, et la confiner ainsi n’indique pas du tout un vice de méthode, pour peu que la science de la nature puisse à bon droit, dans son domaine théorique, considérer une pareille théorie de translation comme étant relativement la plus probable.

Zœllner reconnaît, comme Hæckel, que la generatio æquivoca ne peut être niée, en vertu d’arguments a priori, qu’en supprimant la loi’de la causalité. Mais, au lieu d’admettre en même temps la possibilité d’un acte surnaturel de création, il regarde la question comme résolue par la voix déductive il croit même que les naturalistes prouvent leur ignorance de la théorie de la connaissance, quand ils persistent à attacher un si grand prix à la démonstration inductive de la generatio æquivoca. Il fait une remarque très-juste en principe, à savoir que l’on ne peut réfuter absolument la théorie des germes par aucune expérience perfectionnée, attendu que, finalement, on ne peut défendre à personne d’affirmer « que les germes primitifs organiques ne sont pas plus grands que les atomes d’éther, avec lesquels ils pénètrent simultanément dans les interstices des molécules matérielles, qui constituent les parois de nos appareils ». Néanmoins cette remarque ne peut s’appliquer provisoirement que, tout au plus, comme satire contre l’assurance avec laquelle Pasteur et autres dogmatiseurs du même genre tiennent pour définitivement réfutée par leurs expériences la théorie de la generatio æquivoca. Personne ne s’avisera d’établir sérieusement une pareille hypothèse, tant que