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scientifique, d’abord dans un sens formel, parce qu’elle fait reculer la question et la rend plus compliquée. On doit, dit-il, se demander pourquoi ce débris de corps céleste s’estait couvert de végétation et non pas notre Terre ? Ensuite il est matériellement anti-scientifique de faire transporter des semences par les météorites, car, à leur entrée dans notre atmosphère, le frottement de l’air les rend incandescentes.

HeImholtz, qui défend l’hypothèse de Thomson contre l’épithète d’anti-scientifique, rappelle que les grandes météorites ne s’échauffent qu’à la surface, mais restent froides à l’intérieur, où de pareilles semences pourraient très-bien. se cacher dans des fentes. D’ailleurs, des semences déposées à la surface des météorites pourraient en être enlevées par le vent, à leur entrée dans les couches supérieures de notre atmosphère, avant que réchauffement fût devenu assez intense pour être une cause de destruction. — Helmholtz, qui déjà avant Thomson avait déclaré, dans une conférence, cette hypothèse admissible, laisse chaque lecteur libre de la regarder comme très-invraisemblable. « Mais, ajoute-t-il, il me semble que c’est un procédé très-scientifique, après l’insuccès de tous nos efforts pour faire naître des organismes d’une substance inerte, de nous demander si jamais la vie est née, si elle n’est pas aussi ancienne que la matière, et si les germes de vie, transportés d’un corps céleste à un autre, ne se seraient pas développés partout où ils auraient trouvé un terrain propice (52).

Il est en effet très-facile de répondre à l’objection « formelle » de Zœllner que l’on doit se représenter notre Terre comme primitivement dépourvue de végétation précisément parce que, de l’état igné-liquide, elle dut passer d’abord à un état favorable à la végétation. Si l’on se figure que l’autre corps céleste a passé par un processus tout à fait semblable, mais à une époque antérieure, il doit naturellement sa vie à un troisième, etc. — La solution de la difficulté est sans