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seraient tellement modifiées que toute la vie, aujourd’hui répandue à la surface, disparaîtrait et que l’arrêt total du mouvement de rotation’autour de l’axe ne se ferait pas attendre. Or nous avons une cause physique, péremptoire, de ce ralentissement dans l’influence des marées. Ici, toute la sao-a cité impérieuse des conclusions mathématiques trouve son application. Dans l’hypothèse seule d’une inertie absolue du globe terrestre, les effets de l’attraction, qui entravent la rotation, peuvent être compensés par ceux qui la favorisent. Mais comme il y a des parties susceptibles d’être déplacées, il faut absolument que le globe terrestre éprouve un gonflement ellipsoïdale, dont le déplacement à la surface produit un frottement, si faible qu’il soit. L’inflexibilité de cette conclusion ne peut nullement être ébranlée par un fait récemment observé, à savoir que les phénomènes du flux et du reflux, étudiés sur nos côtes, sont produits moins par un gonflement progressif que par un soulèvement considérable et subit qui se manifeste au moment même où le centre des plus grandes surfaces de la mer est tourné vers la lune ou vers le soleil. Bien que les vagues circulaires, qui se répandent à la suite de ce soulèvement, n’entravent pas la vitesse de rotation, attendu que leur mouvement est uniforme dans toutes les directions, il faut cependant que l’effet ralentissant des marées existe pareillement, quoique moins sensible. Il est impossible que le processus soit le même oue si la terre tournait par saccades et si, au moment où la marée se forme, elle restait chaque fois immobile pendant quelques secondes. Il faut que la marée marche toujours, si la physique n’est pas une vaine science. On peut se figurer la véritable marée comme composée d’une marée constante et d’une marée variable. Quand même l’effet de la dernière disparaîtrait en apparence dans les phénomènes infiniment compliqués du flux et du reflux, son action ralentissant ne serait pourtant jamais perdue. Et quelque petite que soit une cause toujours agissante, on n’a qu’à prendre les pé-