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justesse sur la marge de mon exemplaire de cette dissertation, à propos des mots « parce que nous appelons matière ce qui existe quelque part », « non, mais plutôt substance ». En réalité, la cause qui nous empêche d’admettre une force pure, ne doit être cherchée que dans la nécessité psychique, qui nous fait apparaître les objets de nos observations sous la catégorie de la substance. Nous ne remarquons que des forces, mais nous réclamons un sujet permanent de ces phénomènes variés, une substance. Les matérialistes regardent naïvement la matière inconnue comme la substance unique ; Helmholtz, au contraire, est persuadé qu’il ne s’agit ici que d’une hypothèse, réclamée par la nature de notre intellect, sans avoir pour cela une véritable réalité. Peu importe, par conséquent, que, dans cette hypothèse, il mette cette même matière à la place de la substance, qu’il vient cependant de regarder comme dépourvue de qualités ; son point de vue est, à tout prendre, celui de Kant. Quant à la nature passive et inerte de la matière, en tant que nous faisons abstraction des forces, il faudrait, à l’aide de l’hypothèse d’une idée relative de la matière, éviter de retomber dans la définition d’Aristote. Nous avons besoin aussi pour cela d’une idée relative de la force et nous pouvons bien nous permettre, comme conclusion de ces recherches, de proposer ici une triade de définitions dépendant les unes des autres.

Nous appelons chose un groupe de phénomènes connexes, que nous concevons d’une manière unitaire, abstraction faite d’agrégations ultérieures et de modifications internes.

Nous nommons forces les propriétés de la chose, que nous avons reconnues par leurs effets déterminés sur d’autres choses.

Nous nommons matière ce que, dans une chose, nous ne pouvons ou ne voulons plus résoudre en force, et ce que nous supposons être la base et l’agent des forces reconnues.

Mais, en admettant ces définitions, ne sommes-nous pas