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une action magnétique ; mais, en même temps, on fait ses réserves contre la signification de ces représentations sensibles, et l’on déclare que les points d’affinité ne sont qu’un mot résumant les faits. Kekulé a même essayé, en sacrifiant complètement les points d’affinité, de ramener l’atomicité des atomes « au nombre relatif des chocs qu’un atome, dans l’unité de temps, éprouve de la part des autres atomes. » (28)

Jusqu’ici cette hypothèse n’a pas eu d’écho, ce qui n’empêche pas les atomes d’éprouver des chocs. Ici la nouvelle théorie de la chaleur, en chimie, est venue, d’une façon surprenante, au secours de cette hypothèse. D’après Clausius (29), les molécules des gaz subissent un mouvement rectiligne dont la force vive est proportionnelle à la température. Quand les corps sont à l’état liquide, le mouvement moléculaire croit en raison de la température ; ce mouvement est assez fort pour vaincre l’attraction de deux molécules voisines, mais non pour détruire l’attraction de la masse entière ; enfin, à l’état solide ; l’attraction des molécules voisines les unes des autres neutralise l’influence de la chaleur, de telle sorte que les molécules ne peuvent modifier leurs positions relatives que dans d’étroites limites. Cette théorie, née de celle de la transformation de la chaleur en force vive et vice versa, n’a plus besoin de l’éther pour résoudre d’une manière satisfaisante tous les problèmes ayant rapport à la théorie de la chaleur. Elle explique de la façon la plus simple les modifications de l’état d’agrégation sous l’influence de la chaleur ; mais elle laisse l’état des corps solides dans une assez grande obscurité, répand une demi lumière sur l’état des liquides, et ne fournit que sur celui des gaz parfaits des explications dont la clarté semble laisser peu à désirer.

Les théories les plus récentes des chimistes et des physiciens s’accordent donc pour reconnaître l’état gazeux comme le plus facile à comprendre ; aussi essaye-t-on d’en faire le point de départ pour aller plus loin (30). Mais ici, à propos