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tive) des atomes ? Comme on ne peut ni peser ni mesurer les atomes, il est évident que l’observation et la spéculation seules conduiront à une hypothèse sur le poids d’atomes déterminés. »

Avant d’examiner ce que fait de la matière la chimie, dans sa période la plus récente, la chimie qui, pleine d’assurance, suit de nouveau une théorie déjà fort développée, il est temps d’accorder aussi un regard aux opinions des mathématiciens et des physiciens.

L’histoire nous apprend que la physique moderne a dû, elle aussi, se fonder sur la théorie des atomes. Gassendi, Descartes, Hobbes, Newton avaient pris pour point de départ une conception physique de l’univers ; Boyle et même encore Dalton font marcher simultanément leurs recherches physiques et chimiques. Cependant les voies de la physique et de la chimie divergèrent à mesure que l’analyse mathématique put s’emparer de la physique, tandis que les phénomènes chimiques restaient encore Inabordables pour elle.

La théorie chimique des atomes, de Dalton, venait à peine de naître, lorsqu’en optique surgit la théorie, longtemps méconnue, des ondulations ; elle ne triompha pas sans peine, car le préjugé se cramponnait à la théorie de l’émission de la lumière. Le calcul des nombres de vibrations des différentes couleurs, fait par Young, date de 1801 ; Fresnel reçut, en 1819, un prix de l’Académie des sciences de Paris pour son travail sur la réfraction de la lumière. Depuis lors, la théorie de la lumière devint de plus en plus une mécanique de l’éther ; quant à l’idée d’atome, elle dut de nouveau se prêter à toutes les variations qu’amena le besoin des calculs. La plus forte de ces variations, — qui n’était au fond que la dernière conséquence de la théorie transcendante de la gravitation, — consistait à refuser aux atomes toute espèce d’étendue. Dès le milieu du XVIIIe siècle, le jésuite Boscovich avait eu cette idée (21). Il trouva dans la théorie du choc des atomes des contradictions, qui ne