tout en se réservant une explication ultérieure de cette attraction par le mouvement de la matière impondérable. Il ne se déclare contre l’identité de l’affinité chimique et de la gravitation, que parce qu’il conjecture que la dépendance de la force à l’égard de la distance est dans un autre rapport là qu’ici. Au commencement du XVIIIe siècle, on avait déjà trouvé une voie sûre pour le progrès. Buffon tenait l’attraction chimique et la gravitation pour identiques. Boerhaave, un des esprits les plus lucides du XVIIIe siècle, revint à la φιλἰα (amitié) d’Empédocle et déclara expressément que les effets chimiques étaient amenés non par un choc mécanique, mais par un désir de réunion — il expliquait ainsi le mot « amicitia ». Dans de pareilles circonstances, l’affinitas des scolastiques osa reparaître ; seulement il fallut sacrifier l’importance étymologique de l’expression. La « parenté » resta un simple nom, car à la place du penchant fondé sur l’homogénéité on vit plutôt paraître une tendance vers la réunion, qui semblait reposer sur l’hétérogénéité.
« Au commencement du XVIIIe siècle, dit Kopp, bien des savants, notamment les physiciens de l’époque, s’élevaient encore contre cette expression, craignant de reconnaître par son emploi une nouvelle vis occulta. En France surtout, on éprouvait alors de la répugnance pour le mot affinité et St. F. Geoffroy, une des autorités les plus respectées (1718 et plus tard), en ce qui concernait l’affinité chimique, évitait l’emploi de ce mot. Au lieu de dire deux matières réunies sont décomposées, quand survient une troisième qui a pour l’une d’elles plus d’affinité qu’elles n’en ont entre elles, il s’exprimait ainsi quand la troisième a plus de rapport avec l’une des deux. » (17) Voilà comment un mot arrive en temps opportun, non-seulement là où les idées font défaut, mais encore là où il y a surabondance d’idées. En réalité il n’y a dans ces deux expressions qu’une traduction du simple fait par un substantif. L’expression la plus pâle éveille moins d’idées accessoires et perturbatrices que l’expression