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eau), s’appelle « attraction d’agrégation » ou plus simplement « affinité ». Au reste, quels que soient les noms, « ils désignent toujours la même force ».

… « Outre la force d’attraction qui, sous une forme ou sous l’autre, appartient généralement aux corps pondérables, nous trouvons une autre force, qui est semblablement générale ou agit sur toutes les matières connues, c’est la force de répulsion. Aujourd’hui on l’attribue généralement et, je crois, avec raison à l’action de la chaleur. Une atmosphère de ce fluide subtil environne constamment les atomes de tous les corps et les empêche de venir en contact immédiat » (14).

Si l’on songe que la conception physique de l’attraction commença, grâce à l’influence des éfèves de Newton, à être adoptée dans les premières décades du XVIIIe siècle une période de cinquante années doit avoir suffi pour transformer complètement l’ancienne idée d’atome, au point que Dalton trouva cette transformation comme fait accompli. L’égalité des plus petites molécules de toute substance homogène ; point dont l’élucidation revient au talent de Dalton, n’est au fond qu’une conséquence de cette grande révolution opérée dans les idées fondamentales de la physique ; car les atomes ne se touchant plus d’une manière immédiate, il n’y avait plus de raisons pour admettre différentes formes, s’accrochant et adhérant par leurs saillies et leurs dentelures.

L’ « affinité », qui n’est chez Dalton que la force générale d’attraction dans la spécialité de ses manifestations chimiques, ne constituait originairement qu’une véritable propriété scolastique, faisant partie de l’attirail favori des alchimistes (15). Elle aurait donc été nécessairement éliminée par la diffusion de la conception mécanique de l’univers, simplement comme d’autres idées semblables, si elle n’eût été secourue par la forme transcendante que prit la théorie de la gravitation (16). Newton admettait des forces attractives même pour les plus petites parties de la matière pondérable,