sortir des limites de la connaissance de la nature, et si les matérialistes n’ont d’autre désir que de voir disparaître les interventions et les accidents surnaturels, l’expose de cette doctrine peut les t’assurer complètement. Du Bois-Reymond admet tout au plus comme possible et même vraisemblable ce qu’eux-mêmes affirment avec une assurance dogmatique ; du reste, dans l’idée de Laplace, sous ce rapport, il y a déjà plus qu’une simple possibilité, comme Langwieser l’a très-bien fait remarquer : le spirituel et le physique ont beau être réunis d’une manière énigmatique ; la nature de ce dernier a beau être inexplicable, on doit néanmoins affirmer la soumission générale du spirituel au physique, des qu’il est prouvé que, d’une part, les deux phénomènes correspondent parfaitement, et que, d’autre part, les phénomènes physiques obéissent à des lois rigoureuses et immuables, qui ne sont qu’une expression de fonctions de la matière. On trouvera plus loin les modifications qu’une méditation plus approfondie pourra apporter à cette théorie.
Mais, comme les matérialistes, leurs antipodes, les théologiens et les philosophes théologisants, ont mal compris la théorie exposée dans les Limites de la connaissance de la nature. Sans se préoccuper du caractère nettement matérialiste des opinions que développe Du Bois-Reymond, on s’en tient au point capital il pose à l’étude de la nature des barrières absolues, insurmontables. On ne peut expliquer la force ni la matière ; la connaissance atomistique n’est que « l’ombre » (Surrogat) de la connaissance réelle ; ainsi le matérialisme est repoussé, repoussé par un de nos premiers investigateurs de la nature. Pourquoi la spéculation et la théologie ne reviendraient-elle pas gaiement pour exploiter le terrain abandonné et pour enseigner, avec une grande autorité, ce que la science de la nature avoue ne pas savoir ? Elles-mêmes n’en savent pas davantage, mais cela n’y fait rien. Le célèbre physiologiste a déclaré la conscience et même la plus simple sensation inaccessibles à l’étude de la nature ; pourquoi la