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siques évidentes. Voir, par exemple, Ueberweg[1], à propos de l’essai d’explication de Lesage (1764). — Une tentative analogue fut faite dernièrement par H. Schrannm[2]. Mais telle est la force de l’habitude que des essais de ce genre sont accueillis aujourd’hui avec beaucoup de froideur par les hommes compétents. On s’est bien trouvé de l’action à distance et l’on n’éprouve nullement le besoin de la remplacer par autre chose. La remarque de Hagenbach[3], qu’il se présente toujours des hommes qui cherchent à expliquer l’attraction par des principes prétendus « plus simples » est un malentendu caractéristique. En effet, dans ces tentatives, il ne s’agit pas de simplifier, mais de rendre plus clair et plus intelligible.

66 [page 281]. L’expression hypotheses non fingo se trouve dans la conclusion de l’ouvrage, peu de lignes plus haut que le passage reproduit par nous dans la note 62 ; elle est réunie à la déclaration suivante : « Quidquid ex phænomenis non deducitur, hypothesis vocanda est ; et hypotheses, seu metaphysicæ, seu physicæ, seu qualitatum occultarum, seu mechanicæ, in philosophia experimentali locum non habent. » (« Tout ce qui ne découle pas de phénomènes doit être appelé hypothèse, et les hypothèses, soit métaphysiques, soit physiques, soit relatives aux qualités occultes, soit mécaniques, n’ont pas de place dans la philosophie expérimentale. » La méthode réelle de la science expérimentale veut, d’après Newton, que les thèses (propositiones) soient déduites des phénomènes, puis généralisées par l’induction[4]. Dans ces assertions, qui ne sont nullement exactes, et dans les « quatre règles pour l’étude de la nature », posées au commencement du 3e livre, est exprimée l’opposition systématique contre Descartes, pour lequel Newton était fort mal disposé. (Voir le récit de Voltaire dans Whewell, trad. de Littrow, II, p. 143.)

67 [page 281]. Newton lui-même reconnaissait que Christophe Wren et Hooke (ce dernier voulait même revendiquer la priorité de toute la démonstration de la gravitation) avaient trouvé, sans son aide et à son insu, le rapport inverse au carré de la distance. Halley, qui, contrairement à Hooke, était un des admirateurs les plus sincères de Newton, avait eu l’idée originale que l’attraction devait nécessairement diminuer dans la proportion énoncée, parce que la surface sphérique sur laquelle la force rayonnante se répand grandit toujours dans la même proportion. (Voir Whewell, trad. de Littrow, II, p. 155-157.)

  1. Grundriss, 3° éd., lil, p. 102.
  2. Die allg. Bewegung der Materie als Grundursache aller Naturerscheinungen. Vienne, 1872.
  3. Die Zielpunkte der physik. Wissensch., p. 21.
  4. Principes, trad. de Wolfers, p. 511.