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NOTES DE LA TROISIÈME PARTIE


1 [page 229]. Gassendi est assurément (ce qui n’a pas été dit assez nettement dans la 1re édition de l’Hist. du matér.), un précurseur de Descartes ; il est indépendant de Bacon de Verulam. Descartes, qui n’était guère porté à reconnaître le mérite d’autrui, regardait Gassendi comme une autorité dans les sciences de la nature[1] ; il est très-vraisemblable qu’il connaissait les Exercitationes paradoxicæ (1624) et qu’il avait appris par la tradition orale, sur le contenu des cinq livres brûlés, un peu plus que nous n’en savons aujourd’hui d’après la table des matières. Plus tard, il est vrai, lorsque, par crainte de l’Église, Descartes imagine un monde, dont les bases étaient toutes différentes de celles du système de Gassendi, il changea de ton à l’égard de ce dernier, surtout depuis qu’il était devenu un grand homme pour avoir cherché une conciliation entre la science et la doctrine de l’Église. — Par une conception plus exacte des relations qui existaient entre Gassendi et Descartes, le droit du premier à être considéré comme l’auteur d’une conception de l’univers, qui a encore des partisans de nos jours, n’en devient que plus évident. D’ailleurs plus on étudie Descartes, plus on acquiert la conviction qu’il développa et propagea des théories matérialistes. Voltaire[2] déclare avoir connu bien des personnes que le cartésianisme avait amenées au point de ne plus reconnaître de Dieu ! — On ne comprend pas que Schaller[3] ait pu mettre Hobbes avant Gassendi. Sans doute Hobbes était né avant Gassendi, mais son développement intellectuel s’effectua très-tard, tandis que celui de Gassendi fut très-précoce ; aussi, durant son séjour à Paris, Hobbes joua-t-il le rôle d’élève de Gassendi, sans compter que celui-ci avait depuis longtemps publié des travaux littéraires.

  1. Voir ses Lettres, éd. Cousin, VI, p. 72, 83, 97, 121.
  2. Œuvres complètes, éd. de 1781, t. XXXI, chap. I.
  3. Gesch. d. Naturphil., Leipzig, 1841.