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des monades à la vieille thèse scholastique que l’âme est une substance simple et incorporelle.

Cette simplicité de l’âme, qui devint un article de foi en métaphysique, joue maintenant le rôle le plus important dans la lutte contre le matérialisme. Toute la grande doctrine où se déroule le parallèle des monades et des atomes, de l’harmonie et des lois de la nature, parallèle ou les extrêmes sont si rapprochés, tout en s’opposant si nettement, se rétrécit et ne forme plus que quelques thèses de ce qu’on appelle la « psychologie rationnelle », système scolastique inventé par Wollf. Ce philosophe eut raison de protester énergiquement lorsque son élève Bilfinger, penseur doué d’une bien plus grande pénétration que le maître, imagine le nom de philosophie de Leibnitz-Wollf. Bilfinger, que d’Holbach cite avec estime dans plusieurs passages de son Système de la nature, comprenait Leibnitz tout autrement que Wollf. Il demandait qu’en psychologie on renonçât au mode, jusqu’alors suivi, de s’étudier soi-même, et que l’on adoptât une méthode conforme à celle des sciences naturelles. Au reste, Wollf aussi tendait, en paroles, vers le même but, dans psychologie empirique, qu’il laissait subsister à côté de la psychologie rationnelle. Mais, par le fait, cet empirisme était encore très-incomplet ; toutefois la tendance existait et, comme réaction naturelle des polémiques fatigantes soulevées à propos de l’essence de l’âme, s’éveilla le besoin, qui caractérise tout le XVIIIe siècle, de recueillir sur la vie de l’âme autant de données positives que possible.

Bien que ces entreprises fussent généralement dépourvues d’une critique sagace et d’une méthode rigoureuse, on y reconnaît cependant une utile velléité de méthode dans la préférence donnée à l’étude de la psychologie des animaux. La vieille polémique entre les partisans de Rorarius et ceux de Descartes n’avait jamais cessé, et voilà que tout d’un coup Leibnitz, par sa théorie des monades, déclarait que toutes les âmes étaient de même nature et ne différaient que par des