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première à la seconde, à faire de la liberté le principe commun de la connaissance et de l’action. Nous n’ignorons pas que Lange nie le libre arbitre, aussi décidément qu’un matérialiste. Il ne consent même pas à reléguer, comme Kant, la liberté dans le monde des noumènes. Il parle pourtant sans cesse de la « libre synthèse » de l’esprit, de la spontanéité que le moi déploie dans ses créations idéales. Ici comme précédemment, nous aurions à mettre en lumière, à développer, plus que Lange ne l’a fait lui-même, les germes de dogmatisme moral que contient surtout le dernier chapitre de son œuvre.

Ce ne serait pas assez de corriger les contradictions générales dont nous venons de parler, celles du scepticisme et du dogmatisme, du relativisme scientifique et du dogmatisme moral, de la raison théorique et de la raison pratique, de la liberté et du déterminisme. Nous n’en finirions pas, si nous voulions relever toutes les incohérences de détail que le livre renferme. Et cela est tellement vrai, que Vaihinger se croit autorisé par certains textes à soutenir que Lange fait de l’antinomie la loi même de la pensée. Selon le disciple, l’opposition du réel et de l’idéal, de la liberté et de la nécessité, du fini et de l’infini, du phénomène et de la chose en soi, du pessimisme et de l’optimisme, de la science et de la métaphysique, du mécanisme et de la finalité, pour ne parler que des antinomies les plus importantes, a été élevée par la critique de Lange et la hauteur d’un principe nouveau et déclarée absolument réfractaire à toutes les tentatives de conciliation. Nous persistons à plaider avec Lange contre Vaihinger, au besoin contre Lange lui-même. Nous croyons que la métaphysique de Lange, entendue dans le sens de l’idéalisme pratique, n’est pas condamnée à l’antinomie.