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chaque chose. La nature est donc, au sens large, la réunion des divers éléments dans toute chose en général ; au sens étroit, la nature d’une chose est l’ensemble de ses propriétés et de ses formes d’action. Si, par conséquent, on dit que la nature produit un effet, on ne doit pas personnifier la nature comme une abstraction ; cela signifie simplement que l’effet en question est le résultat nécessaire des propriétés d’un des êtres, dont se compose le grand Tout que nous voyons.

Dans la théorie du mouvement, d’Holbach s’en tient complètement au principe posé par Toland dans la dissertation dont nous avons parlé plus haut. Il est vrai qu’il définit mal le mouvement (84) ; mais il l’étudie sous toutes ses faces et à fond, sans entrer toutefois dans les théories mathématiques ; et nous devons remarquer à ce propos que, dans tout l’ouvrage, conformément au dessein pratique de l’auteur, les idées positives et spéciales prennent la place des considérations générales et abstraites.

Chaque chose est susceptible de certains mouvements, en vertu de sa nature spéciale. Ainsi nos sens sont capables de recevoir des impressions de certains objets. Nous ne pouvons rien savoir d’un corps s’il ne produit pas directement ou indirectement une modification en nous. Tout mouvement que nous percevons, ou bien transporte le corps entier dans un autre endroit ; ou bien a lieu entre les plus petites parties de ce corps et produit des perturbations ou des modifications que nous remarquons seulement quand les propriétés de ce corps ont changé. Des mouvements de ce genre forment la hase de la croissance des plantes et de l’activité intellectuelle de l’homme.

Les mouvements sont dits communiqués, quand de l’extérieur ils sont imprimés à un corps ; spontanés, quand la cause du mouvement est dans le corps même. À cette catégorie appartiennent chez l’homme, la marche, la parole, la pensée, bien qu’en y réfléchissant davantage, nous puissions