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encore l’ordonnateur et dirigea toute la composition. D’ailleurs d’Holbach apportait autre chose qu’une simple direction ; il possédait des connaissances variées et approfondies dans les sciences physiques. Il avait particulièrement étudié la chimie, donné à l’Encyclopédie des articles relatifs à cette science, et traduit de l’allemand en français plusieurs traités de chimie. « Il en était, écrit Grimm, de son érudition comme de sa fortune. On ne s’en fût jamais douté, s’il avait pu la cacher, sans nuire à sa propre satisfaction et surtout à celle de ses amis. »

Les autres écrits de d’Holbach (83), qui sont en grand nombre, traitent, pour la plupart, les mêmes questions que le Système de la nature ; quelques-uns, comme : Le Bon Sens ou Idées naturelles, opposées aux idées surnaturelles (1772), ont une forme populaire, évidemment destinée à agir sur les masses. La tendance politique de d’Holbach était aussi plus claire et plus précise que celle de la plupart de ses confrères français, bien qu’il ne se prononce en faveur d’aucune forme déterminée de gouvernement. Il ne partage pas l’engouement que bien des Français éprouvaient pour les institutions anglaises, qu’il est impossible d’importer en France, vu la différence de caractère des deux nations. Avec une vigueur calme et impassible, il explique le droit des peuples à régler eux-mêmes leurs destinées, le devoir, imposé à toutes les autorités, de s’incliner devant ce droit et de servir les aspirations vitales des nations, la nature criminelle de toutes les prétentions contraires à la souveraineté du peuple et la nullité de tous les traités, lois et formules légales, qui cherchent à soutenir les prétentions coupables de quelques individus. Le droit des peuples à faire une révolution, quand leur situation devient intolérable, est un axiome et ses yeux ; et ici il frappe juste dans toute la force du terme.

La morale de d’Holbach est grave et pure, bien qu’elle ne s’élève pas au-dessus de l’idée de bonheur. Elle manque de la sensibilité et du souffle poétique qui anime la théorie