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8o Chenilles, vers, araignées, mouches, serpents présentent le même phénomène. Dans l’eau chaude, le mouvement des parties séparées augmente « à cause du feu qu’elle contient » ;

9o Un soldat ivre abattit d’un coup de sabre la tête d’un dindon. L’animal s’arrêta, marcha et se mit ensuite à courir. Arrivé à un mur, il se retourna, battit des ailes, continua de courir et finit par tomber à la renverse (observation personnelle) ;

10o Des polypes découpés deviennent, au bout de huit jours, autant d’animaux complets qu’on avait fait de tronçons.

L’homme est aux animaux ce qu’une horloge planétaire de Huyghens est à une horloge ordinaire. De même que Vaucanson eut besoin de plus de rouages pour son joueur de flûte que pour son canard, de même le mécanisme de l’homme est plus compliqué que celui des animaux. Pour un (automate) parlant, il aurait fallu à Vaucanson encore plus de rouages, et cette machine elle-même ne peut plus être regardée comme impossible.

Évidemment, par (automate) parlant, de la Mettrie n’a pas voulu désigner ici un homme raisonnable ; mais on voit pourtant avec quelle prédilection il compare à sa machine humaine (72) les chefs-d’œuvre de Vaucanson, si caractéristiques de l’époque.

Ici du reste, où de la Mettrie pousse à l’extrême l’idée du mécanisme dans la nature humaine, il se combat lui-même en reprochant à l’auteur de l’Histoire naturelle de l’âme (73) d’avoir conservé la théorie inintelligible des « formes substantielles ». Toutefois, il n’y a pas en cela chez lui un revirement d’opinion, mais simplement une tactique, soit pour mieux garder l’anonyme, soit pour travailler en quelque sorte de deux côtés différents au même résultat ; c’est ce qui ressort de l’exposé ci-dessus. Mais citons encore, pour sur-