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cerveau. » En 1726, Wolff, ayant sans doute fait dans l’intervalle une fâcheuse expérience, publia une brochure, où il déclara que son ancienne opinion ne pouvait donner lieu à toutes les déductions antichrétiennes qu’on en avait tirées et, d’après lesquelles, il aurait nié la providence spéciale de Dieu, le libre arbitre et tous les principes de morale. C’est en étudiant le délire causé par la fièvre que Wolff arriva à ses conclusions, par conséquent d’après une méthode analogue à celle que de la Mettrie dit avoir suivie.

Michel Ettmüller, célèbre professeur de médecine à Leipzig, admettait aussi, dit-on, une âme matérielle, dont au reste il ne niait pas l’immortalité. En sa qualité de chef de l’école médico-chimique, il ne pourrait guère être considéré comme matérialiste dans le sens que nous donnons à ce mot. Mais évidemment, dès la fin du XVIIe siècle et le commencement du XVIIIe siècle, longtemps avant la diffusion du matérialisme français, les médecins tendaient à s’émanciper de la psychologie des théologiens et d’Aristote pour suivre leurs idées personnelles. De leur côté, les orthodoxes traitèrent de « matérialiste » plus d’une théorie qui ne méritait pas cette épithète. N’oublions pas qu’un des caractères du développement de la médecine, comme des sciences physiques et naturelles, les fait aboutir au matérialisme logique ; aussi une histoire du matérialisme doit-elle étudier avec soin ces époques de transition. Mais, aujourd’hui encore, les travaux préliminaires désirables font partout défaut pour la question qui nous occupe (53).