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nouvelle époque ? En aucun cas, l’œuvre du passé ne sera complètement perdue ; en aucun cas, ce qui a fait son temps ne reviendra sans s’être modifié à la vie. Dans un certain sens, d’ailleurs, les idées de la religion sont indestructibles. Qui songe à réfuter une messe de Palestrina, à discuter la vérité d’une madone de Raphaël ? À tous les âges, le Gloria in excelsis exercera son empire sur le cœur de l’homme. Il retentira à travers les siècles, aussi longtemps que la sensibilité de l’homme sera secouée par la religieuse émotion du sublime. »

Quoi qu’il en soit, la religion n’est pas moins nécessaire que la métaphysique et l’art pour compléter l’œuvre de la science et assurer le progrès de la société.

L’humanité ne goûtera de paix durable qu’autant qu’elle saura découvrir dans la poésie le principe immortel qui est au fond de l’art, de la religion et de la philosophie ; qu’autant que, sur le fondement d’une telle connaissance, reposera l’accord, cette fois définitif, de la science et de la poésie trop longtemps divisées. Alors entre le vrai, le bien et le beau s’établira une riche harmonie, au lieu de cette unité morte que la plupart des libres penseurs, des réformateurs socialistes poursuivent avec passion, et croient trouver en prenant la vérité empirique comme le principe unique.

Mais Lange prévoit que cette paix des puissances de l’âme, dans l’individu et dans la société, ne se réalisera pas sans de longs efforts, sans de pénibles secousses, sans un douloureux ébranlement des consciences et des institutions. « Les conflits qui se préparent seraient adoucis, si les hommes qui sont à la tête de la société étaient tous ouverts à l’intelligence du développement de l’humanité et du processus