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et dont la solution fut le signal des discussions matérialistes qui eurent lieu au XVIIIe siècle. Voici l’exposé de ce problème :

De quelle nature peut être le mouvement qui produit la sensation et l’imagination chez les êtres vivants ?

Ces études, qui durèrent une série d’années, le mirent en rapports quotidiens avec le moine minime Mersenne, avec lequel il entra en correspondance après son retour en Angleterre (1637).

Mais aussitôt que s’ouvrit en Angleterre (1640) le long Parlement, Hobbes, qui s’était déclaré si ardemment contre le parti du peuple, avait toute espèce de motifs pour s’éloigner ; il revint donc à Paris où il continua ses relations avec Mersenne et se lia intimement avec Gassendi, auquel il emprunta plus d’une idée. Son séjour à Paris dura cette fois plusieurs années. Il occupait un rang très distingué parmi les réfugiés anglais qui se trouvaient alors en grand nombre à Paris ; aussi fut-il chargé de donner des leçons de mathématiques à celui qui devint plus tard le roi Charles II. Cependant, il avait rédigé ses principaux ouvrages politiques, le traité De Cive et le Léviathan. Il prêchait avec une netteté toute particulière, dans le Léviathan, un absolutisme brutal et paradoxal, mais nullement légitimiste. Ce fut précisément ce dernier livre, où d’ailleurs les ecclésiastiques avaient trouvé passablement d’hérésies, qui le brouilla momentanément avec la cour. Il tomba en disgrâce, et, comme il avait aussi attaqué la papauté avec violence, il fut réduit à quitter la France et à profiter de cette liberté anglaise qu’il avait tant décriée. Après la restauration, il se réconcilia avec la cour et vécut dès lors dans une honorable retraite, entièrement absorbé par ses études. À l’âge de quatre-vingt-trois ans, il publia une traduction d’Homère ; à quatre-vingt-huit ans, une Cyclométrie.

Un jour, à Saint-Germain, Hobbes étant alité, en proie à une fièvre violente, on lui envoya Mersenne pour empê-