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efforts et aux découvertes de l’antiquité, mais, en même temps, elle manifeste de toutes parts les germes d’une culture nouvelle, ardente et originale. On pourrait essayer de séparer de la Renaissance proprement dite les œuvres originales, les tendances et les aspirations nouvelles, où la pensée moderne se montra indépendante de l’antiquité pour commencer avec Kepler et Galilée, Bacon et Descartes une ère complètement nouvelle ; mais, comme d’ailleurs dans toutes les tentatives faites pour délimiter des périodes historiques, on rencontre partout des fils et des directions qui se confondent. Ainsi, nous le verrons bientôt, Gassendi et Boyle, au XVIIe siècle, se rattachent encore à l’atomisme des anciens, tandis que Léonard de Vinci et Louis Vivès, hommes incontestablement dignes d’appartenir à cette époque si florissante, rompent avec les traditions de l’antiquité et cherchent à créer une science expérimentale, indépendante d’Aristote et de l’antiquité tout entière.

Il est également difficile de préciser, en remontant en arrière, l’époque où l’antiquité recommença à fleurir. Nous avons indiqué plus haut le milieu du XVe siècle, parce que vers cette époque, la philologie italienne se développa complètement et parce que l’humanisme commença sa lutte contre la scolastique ; mais ce mouvement avait eu son prélude déjà un siècle auparavant, au temps de Pétrarque et de Boccace et, en étudiant l’esprit nouveau qui se manifesta alors en Italie, on remonterait sans peine jusqu’à l’empereur Frédéric II, dont nous avons reconnu l’importance dans le premier chapitre de cette 2e partie. Mais, dans cet ordre d’idées, la transformation de la scolastique par la propagation des œuvres-complètes d’Aristote et des écrits des Arabes (41) paraît avoir été une des premières et des principales causes de la grande œuvre de la régénération. La philosophie, qui clôt ce grand mouvement et le marque de son cachet, se montre aussi dès le début.

Nous avons constaté, dans les deux chapitres précédents,