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fondamentaux du vieux nominalisme, qui ne voit dans les universaux que des expressions résumant les choses concrètes, individuelles, sensibles, seules substantielles et seules existant en dehors de la pensée humaine. Au reste, le nominalisme était plus qu’une opinion scolastique parmi tant d’autres. Il était au fond le principe du scepticisme en face de la manie autoritaire du moyen âge ; entre les mains des franciscains, il servit leur esprit d’opposition, dirigea les coups de sa pénétrante analyse contre l’édifice même de la hiérarchie ecclésiastique, et renversa la hiérarchie du monde philosophique. Nous ne devons donc pas nous étonner si Occam réclama la liberté de la pensée, si, en religion, il s’en tint au côté pratique, et si, comme fit plus-tard son compatriote Hobbes, il jeta à la mer la théologie tout entière, en déclarant qu’il était absolument impossible de démontrer les dogmes de la foi (39). Son assertion : la science n’a, en dernière analyse, d’autre objet que les choses sensibles, est encore aujourd’hui le fondement de la logique de Stuart Mill. Occam exprime l’opposition faite par le sens commun au platonisme, avec une énergie qui lui assure une renommée durable (40).