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grand ouvrage par une invocation à la nature, mère universelle, et qui expira en étudiant l’éruption d’un volcan, l’idée de l’influence de la nature sur la vie de la pensée chez l’homme fut une conception féconde et un stimulant puissant at des recherches incessantes.

En physique, les anciens connaissaient, à l’aide d’expériences, les éléments de l’acoustique, de l’optique, de la statique, de la théorie des gaz et des vapeurs. Les savants grecs entrèrent dans la grande voie des découvertes, depuis les pythagoriciens qui étudièrent l’élévation on l’abaissement de la tonalité dans ses rapports avec la masse des corps sonores, jusqu’à Ptolémée qui fit des expériences sur la réfraction de la lumière. Les puissantes constructions, les machines de guerre et les travaux en terre des Romains étaient conçus suivant une théorie scientifique et exécutés avec autant de facilité et de promptitude que possible, tandis que les monuments plus gigantesques des Orientaux n’avaient été que l’œuvre du temps et de foules condamnées au travail par le despotisme des souverains.

La science médicale, dont le représentant le plus illustre fut Galien de Pergame, avait commencé à traiter la question la plus délicate de la physiologie, le fonctionnement des nerfs. Le cerveau, considéré d’abord comme une masse inerte dont on n’entrevoyait pas plus l’utilité que les physiologistes modernes n’entrevoient celle de la rate, était devenu, aux yeux des médecins, le iége de l’âme et des sensations. Sœmmering trouva encore, au XVIIIe siècle, la théorie du cerveau presque au même point où Galien l’avait laissée. Dans l’antiquité, on connaissait l’importance de la moelle épinière ; des milliers d’années avant Ch. Bell, on savait distinguer les nerfs propres à la sensation des nerfs propres au mouvement, et Galien, au grand étonnement de ses contemporains, guérissait la paralysie des doigts en agissant sur les parties de la moelle épinière d’où partent les nerfs qui aboutissent aux doigts. Il ne faut donc pas être surpris