Page:Lane-Poole - Le Korân, sa poésie et ses lois, 1882.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce n’est pas le Korân qui guide sa foi et ses pratiques. Au moyen âge de la chrétienté, ce n’est pas le Nouveau Testament, mais bien la « Summa Theologica » de Thomas Aquinas qui décidait les questions d’orthodoxie ; et, de nos jours, le fidèle orthodoxe ne tire pas ordinairement sa foi de ses investigations personnelles de l’enseignement du Christ dans les Évangiles. C’est précisément de la même manière que le mahométisme s’appuie sur des bases beaucoup plus larges que le Korân pur. Le Prophète lui-même n’ignorait pas que ses révélations ne prévoyaient pas toutes les possibilités de l’avenir. Lorsqu’il envoyait Mo’adh au Yémen pour recueillir et distribuer des aumônes, il lui demanda quelle loi il voulait avoir pour guide : « La loi du Korân, » dit Mo’adh. « Mais si tu n’y trouves pas les principes nécessaires ? » — « Alors j’agirai d’après l’exemple du Prophète. » — « Mais s’il manque ? » — « Alors je ferai une comparaison et j’agirai en conséquence. » Mohammed applaudit chaleureusement à l’intelligence