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Traité populaire d’agriculture

Nous ne chercherons pas ici les causes de ce phénomène ; nous ne parlerons pas des différentes théories émises pour expliquer un fait que nous ne faisons que constater.

Nous savons les conséquences de cette antipathie : elles se trahissent par l’impossibilité de faire succéder avantageusement les plantes antipathiques, soit immédiatement, soit à des intervalles peu éloignés.

On surmonte quelquefois cette antipathie par une addition d’engrais, une culture soignée ou un intervalle convenable dans le retour des plantes antipathiques. Souvent il suffit, d’après Scherwz, d’intercaler une autre plante. Ainsi, entre deux récoltes épuisantes on en place une qui ménage le sol ; entre deux récoltes qui salissent, une qui nettoie ; entre deux qui occupent longtemps la terre, une autre dont la végétation est rapide ; entre deux pour lesquelles on ne laboure que superficiellement, une qui exige un labour profond.

Parmi les plantes antipathiques on doit en premier lieu mentionner les pois, le trèfle, le lin et le blé.

Les pois sont très antipathiques à eux-mêmes ; dans certains terrains, au bout de trois ans leur culture ne réussit point ; elle est douteuse au bout de six ans et il y a même des sols où les pois ne peuvent revenir qu’à la neuvième année.

Le trèfle ne réussit que la sixième année ; parfois même, il demande neuf ans avant de reparaître sur le même terrain.

Le lin est dans le même cas ; il demande au moins six ans d’intervalle entre deux récoltes sur le même champ.

Quant au blé, l’expérience nous a assez instruits sur les exigences de sa culture, et tout le monde sait qu’il n’y a que des sols privilégiés qui puissent fournir consécutivement deux récoltes de cette céréale.