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Traité populaire d’agriculture

nouvelle quantité d’oxygène et passe ainsi à l’état de peroxyde de fer — oxyde rouge. Ce changement donne lieu à une décomposition de l’eau ; c’est l’eau, en effet, qui fournit l’oxygène nécessaire à la suroxydation du protoxyde de fer. Mais l’eau, nous l’avons vu, est un composé d’oxygène et d’hydrogène ; or en donnant ainsi son oxygène au fer, l’eau laisse son hydrogène en liberté. Cet hydrogène, à l’état naissant, s’unit immédiatement à l’azote de l’air et forme l’ammoniaque, ce grand élément de toute nutrition végétale. Cette ammoniaque se condense dans les pores du peroxyde de fer qui vient de se former.

L’oxyde brun que contenait la tranche de terre retournée par la charrue, s’est donc transformé, au contact de l’air, en oxyde rouge ; il y a eu, en même temps, formation d’ammoniaque et condensation de ce corps dans les pores de l’oxyde rouge.

Mais tout ne s’arrête pas là.

Un labour subséquent enfouit dans le sol l’oxyde rouge qui s’était formé à sa surface.

Une nouvelle transformation s’opère.

Au contact des matières organiques contenues dans le sol, l’oxyde rouge de fer redevient brun.

Voici ce qui se passe.

Les matières organiques sont oxydées, c’est-à-dire lentement brûlées par l’oxygène qu’abandonne l’oxyde rouge de fer, pour passer à l’état d’oxyde brun.

Pour nous résumer, nous distinguerons, dans les terres, deux sortes d’oxyde de fer. L’une s’empare de l’oxygène de l’eau et produit indirectement de l’ammoniaque ; l’autre agit comme principe comburant en fournissant de l’oxygène aux matières organiques : toutes deux ont la propriété de condenser et de retenir l’ammoniaque dans le sol et augmentent ainsi prodigieusement sa fécondité.