Page:Landry - Traité populaire d'agriculture théorique et pratique, 1886.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
Traité populaire d’agriculture

Ainsi, on réserve les pâturages gras, les herbages d’embouche à la nourriture des vaches laitières ou à l’engraissement des bœufs ; les pâturages moins humides sont livrés aux chevaux ; les moutons vivent sur des herbages plus pauvres ; enfin les herbages marécageux sont réservés aux porcs et aux oies.

Ce mode de pâturage a pourtant un inconvénient fort grave.

L’expérience démontre que chaque espèce animale a ses plantes de prédilection ; elle s’en nourrit et dédaigne les autres. Mais ces dernières, par là même qu’elles sont dédaignées de tel animal, continuent à croître, fleurissent et répandent sur le sol des graines qui donnent naissance à des plantes de même espèce, qui poussent au détriment de celles rasées sans cesse par la dent du bétail.

Ces plantes se multiplient à tel point que bientôt elles couvrent tout l’espace.

De ce mode de pâturage, résulte donc la détérioration de ce dernier.

Si, au contraire, on fait pâturer l’herbe par plusieurs espèces d’animaux, ce qui est dédaigné et laissé de côté par les uns est mangé par les autres : c’est le moyen d’utiliser tout le produit d’un pâturage.

Il faut toutefois éviter de faire pâturer ensemble, pêle-mêle, les différentes espèces de bestiaux, parce qu’alors, sans compter les accidents qui arrivent par cette association, ces divers animaux se nuisent et se privent mutuellement de la nourriture qui leur convient le mieux.

Les diverses espèces de bestiaux doivent donc se succéder les unes aux autres.

L’ordre de succession le plus convenable est bien le suivant : 1o espèce bovine ; 2o espèce chevaline ; 3o espèce ovine.