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Traité populaire d’agriculture

fourrages devant servir de nourriture au bétail pendant l’hiver.

Or, moins de fourrage, moins d’animaux ; moins d’animaux, moins d’engrais ; moins d’engrais, moins de produits et par conséquent moins de profits.

En agriculture tout se tient, tout s’enchaîne et la moindre des fautes amène des conséquences souvent désastreuses.

Tout cultivateur donc, qui sans nécessité absolue, ce qui avec une bonne culture ne peut presque jamais arriver, laisse ses chaumes en pâturages, sans les avoir ensemencés, se fait un tort extrême, car non seulement le produit de ces pâturages n’est en aucune manière proportionnée à la récolte de fourrage qu’on pourrait en obtenir pendant le même laps de temps ; mais la terre durcie ou battue par la pluie et séchée par le soleil, ne reçoit aucunement les influences bienfaisantes des agents atmosphériques ; les mauvaises herbes envahissent promptement la surface du champ, fleurissent, produisent des graines et se multiplient d’une manière effrayante.

Ce que nous venons de dire du pâturage sur chaume, tel qu’il est pratiqué ordinairement, s’applique également au pâturage sur jachère.

Quant au pâturage des forêts, laissant de côté la question de savoir s’il est convenable ou utile d’y faire paître les animaux, il reste encore celle de savoir si les forêts peuvent procurer une bonne nourriture au bétail.

On peut y répondre négativement.

Cependant si les arbres ne sont pas bien élevés, ou encore s’ils sont clairsemés, dans ces cas le pâturage peut être profitable, parce que les herbes jouissant encore de l’influence de la lumière, conservent avec leur saveur leurs qualités nutritives.