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Traité populaire d’agriculture

d’engrais prélevé par les fourrages dans l’atmosphère et accumulé dans le sol est utilisé au moyen des récoltes qui succèdent aux prairies, et cette succession est rapide puisque la prairie artificielle n’occupe le sol que pendant un petit nombre d’années. Dans la prairie naturelle, au contraire, cette accumulation d’éléments de fertilité reste improductive sous un gazon dont la durée est illimitée.

D’un autre côté, si les prairies naturelles donnent moins de fourrage, elles exigent un capital d’exploitation bien moins élevé. Une fois formées, d’ailleurs, elles donnent un produit annuel plus régulier, plus facilement calculable, qui permet, par conséquent, d’asseoir la spéculation sur une base à peu près certaine.

À part ces considérations, on doit transformer en prairies naturelles, à l’exclusion de toute culture annuelle, les terrains placés dans les conditions suivantes, quelles que soient d’ailleurs les circonstances locales, hormis toutefois qu’on ne préfère les consacrer au pâturage.

1oLes surfaces à pente rapide, où la culture est difficile, peu productive, et dont la terre, ameublie par les labours, est facilement entraînée vers les parties plus basses ;

2oles terrains exposés aux inondations périodiques, surtout ceux qui avoisinent les fleuves et les rivières. Ces terrains, s’ils n’étaient recouverts d’une couche de gazon, seraient ravinés, mangés par l’eau, comme disent nos cultivateurs ; leurs récoltes souvent compromises par l’eau. Et d’ailleurs, annuellement engraissés par le limon des eaux, ces terrains donnent en foin un produit souvent supérieur à celui que l’on pourrait espérer obtenir de prairies artificielles créées dans les mêmes terrains ;