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Traité populaire d’agriculture

grandes prairies, une autre circonstance défendrait l’exécution d’un tel ouvrage, c’est le manque de bras, la rareté de la main-d’œuvre. Il est facile de comprendre, en effet, que si l’emploi des machines perfectionnées permet de couper en peu de jours une grande quantité de foin, il faut de toute nécessité avoir recours aux bras de l’homme et au travail des animaux, pour les différentes opérations du fanage et surtout de l’engrangement des produits.

On peut tout de même tirer parti de ce retard inévitable, en ayant en vue dans l’ordre du fauchage la destination même du foin.

Ainsi, si le foin est destiné aux bêtes bovines, il faudra le couper plus tôt et réserver aux chevaux et aux moutons le foin fauché en dernier lieu.

L’époque du fauchage exerce sur la constitution de la prairie, la quantité et la qualité de ses produits, une influence très marquée et dont il est facile de se rendre compte.

On conçoit, en effet, que si une prairie est formée par des plantes qui toutes ou presque toutes fleurissent à la même époque, et que l’on coupe chaque année ces espèces au moment de leur floraison, elles ne se reproduiront que très difficilement.

Voici alors ce qui arrive. Leur proportion diminue, celle des espèces précoces augmente. Il en résulte donc, au bout d’un certain temps, un changement complet dans la composition de la prairie, qui de bonne qu’elle était, peut devenir de médiocre qualité. On prévient ce changement, en changeant, tous les quatre ou cinq ans, l’époque du fauchage ; on la retarde, afin de donner aux espèces que l’on a intérêt à conserver, le temps de répandre leurs semences.