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Traité populaire d’agriculture

On ne doit pas faucher l’herbe, ni la faire raser par les animaux, l’année même qu’elle a été semée, quand même la prairie serait très belle. Mais, l’année suivante, l’herbe a acquis assez de force pour résister au fauchage comme à la dent des animaux.

On peut donc, dès cette première année, faucher la prairie.

Cependant, des faits constatés par une pratique intelligente, établissent nettement qu’en sacrifiant au pâturage les produits que donnerait la prairie pendant cette première année, on en retire, en fin de compte, des profits beaucoup plus considérables pendant les années suivantes.

Ce n’est pas une vaine théorie, c’est une pratique suivie avec succès en Angleterre, recommandée d’ailleurs par la plupart des praticiens.

Voici sur quoi l’on se fonde.

Les animaux en rasant incessamment l’herbe, arrêtent sa croissance verticale ; mais ce qu’elle perd sous le rapport de la longueur, l’herbe le reprend latéralement et pousse des touffes très larges ; elle talle. C’est donc là le meilleur moyen de hâter la formation des gazons et de préparer pour les années suivantes un fourrage, qui, croissant très serré, donnera un rendement beaucoup plus élevé.

Cet avantage ne s’obtient que par la dépaissance de la prairie ; le fauchage de la première année ne le donne pas.

De tous les animaux, ce sont les moutons que l’on choisit de préférence, parce qu’ils ont l’avantage de brouter l’herbe rez de terre, ce qui favorise considérablement la croissance d’un grand nombre de pousses latérales, par conséquent, l’engazonnement plus prompt de la prairie.

À défaut de moutons, on livre la prairie nouvelle au