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Traité populaire d’agriculture

À mesure que les gazons sont détachés, on les transporte sur le champ à gazonner où on les enterre à moitié, en les disposant comme un échiquier et en laissant entre eux un espace vide de 6 pouces. Les lignes tracées par le rayonneur guident les ouvriers. Immédiatement après, on répand sur toute la surface du champ un demi-ensemencement avec des graines de très bonnes espèces. Cette semaille hâte le gazonnement des parties qui restent vides entre les plaques des gazons. On termine en faisant passer un rouleau pesant, qui achève d’enfoncer ces plaques jusqu’au niveau du sol. Un arpent de prairie peut servir à gazonner huit arpents de terrain, tout en conservant assez de gazon pour remplacer bientôt celui dont il vient d’être privé. On ne doit détacher de gazons que ce que l’on pourra en placer dans la journée, autrement les racines seraient fatiguées et leur reprise serait plus difficile. Cette opération est pratiquée à l’automne ou au commencement du printemps, suivant que le sol est plus ou moins exposé à la sécheresse. La prairie ainsi formée n’exige ensuite que quelques roulages pour forcer l’herbe à taller et l’empêcher de se développer en petites buttes.

Quant à la prairie que l’on a partiellement dépouillée, on y répand aussi un demi-ensemencement de bonnes graines et une bonne fumure pour lui faire réparer ses pertes, on y suspend la récolte pendant la première année et on lui applique plusieurs roulages.

Les avantages de ce mode de création, ajoute Dubreuil, sont les suivants : au moyen d’un arpent de bonne prairie on en forme huit sur lesquels le gazon est très promptement composé des espèces qui peuvent s’associer et donner un bon fourrage. Cette prairie arrive beaucoup plus vite que par l’ensemencement à un état stable et à son plus haut degré de fertilité. Mais