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Traité populaire d’agriculture

une réunion de trois, quatre et même cinq paires de gerbes.

Deux fortes gerbes, que l’on ouvre, enveloppent comme d’un manteau la partie supérieure de la veillotte ; ces gerbes ont l’épi tourné vers la terre.

On oriente les veillottes parallèlement au vent régnant, afin qu’elles opposent une plus grande résistance à son action.

Grâce à l’emploi des veillottes, on peut couper le grain avant sa complète maturité, puisque la direction presque verticale des tiges laisse à la sève dont elles peuvent être encore imprégnées la facilité de terminer, par sa marche ascendante, la maturation du grain.

La récolte est également mise à l’abri du mauvais temps, puisque la pluie, suivant la paille de la surface, descend jusqu’au pied sans pénétrer la gerbe, et que les épis, serrés vers le haut, forment un faîte impénétrable. La récolte, d’ailleurs, étant immédiatement liée, est prête à être portée dans la grange aussitôt qu’elle aura acquis le degré suffisant de sécheresse.

En revanche, ce procédé exige que la récolte séjourne plus longtemps sur le champ. En effet, les tiges réunies en gerbes sèchent moins rapidement que si elles étaient libres et espacées vers leur base ; aussi l’on doit laisser subsister les veillottes dix, quinze et même vingt jours, suivant l’état du grain lors de sa coupe, la plus ou moins grande quantité d’herbe qu’il contient et l’humidité plus ou moins forte de l’atmosphère.

Si une petite pluie survient pendant que l’on coupe le grain, les javelles coupées avant l’averse peuvent être liées et mises en veillottes sans inconvénient ; mais les tiges coupées pendant la pluie ou peu de temps après qu’elle a cessé de tomber, ne peuvent être liées que quand le soleil a fait disparaître cette eau adventice pour ne leur laisser que leur humidité de végétation.