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Traité populaire d’agriculture

I. — Dans quelques localités, on a la manie de changer de semence, dans l’idée où l’on est que la plante dégénère, reproduite toujours dans le même sol par les graines qu’elle y a données ; mais l’expérience de plusieurs agriculteurs recommandables autorise à regarder cette opinion comme une erreur.

Il n’est bon de changer de semence que parce que la généralité des cultivateurs ne mettent pas assez de soin pour choisir et nettoyer celles qu’ils récoltent eux-mêmes. Mais le cultivateur qui fait battre à part et avec soin ses grains les plus beaux, ceux dont la maturité est plus complète, et qui réserve, à dessein, dans ce but, quelques pièces plus favorisées, peut, sans danger, semer la graine dans le champ même qui l’a produite.

Il n’est qu’un cas où la pratique du changement de semence soit avantageux : c’est lorsque la semence pouvant difficilement être nettoyée des graines de certaines plantes nuisibles, propres au sol qui l’a produite, il devient nécessaire d’emprunter les semences d’un sol différent, n’offrant pas le même danger.

II. — On doit toujours préférer les semences les moins âgées, et surtout celles récoltées l’année précédente, pour la bonne raison que les semences ne conservent pas toutes, pendant un temps égal, leur faculté germinative : elles le perdent avec l’âge.

Il est reconnu que plus les semences sont vieilles, moins elles germent rapidement, et moins les individus que l’on en obtient sont vigoureux. On attribue ce résultat à ce que les enveloppes de la semence et l’embryon lui-même ayant perdu toute leur eau de végétation, il leur faut plus de temps pour absorber dans le sol l’humidité nécessaire à la végétation.

Il est toujours facile de s’assurer de la faculté germinative des semences. À cet effet, on met un mor-