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au coin de Western Row et de la 8e rue, un commerce très-lucratif des essences et autres produits servant à fabriquer des imitations de liqueurs.

« Nous donnons, disent-ils dans leur circulaire particulière — celle qui s’adresse au public chante un tout autre air, — nous donnons une attention toute spéciale aux ingrédients à bouquets de boissons, et nous produisons constamment de nouveaux articles.

« Confidentiel. — Huile de whisky de Bourbon, 50 cents l’once. (Elle produit une imitation parfaite de vieux whisky de Bourbon, tant pour le goût que pour le bouquet.) Chaque once fera 100 gallons !!

« Huile de pomme, $1 l’once. Vieux rhum de la Jamaïque et de Sainte-Croix, $2 la livre. Huile de Cognac, véritable, $6 l’once ; no 1, $4.50 idem ; no 2, $3 idem, etc.

« Ainsi, avec 50 cents d’une certaine huile achetée chez l’éditeur du Druggist, un cabaretier peut convertir 100 gallons d’une infâme boisson en excellent whisky. Une seule bonne goutte de leur huile de cognac est assez puissante pour donner à deux grands verres d’esprit neutre le goût et le parfum du cognac véritable. Mais que l’opération soit faite un peu à la légère, et l’infortuné qui boira cette préparation s’expose à mourir empoisonné.

« Après son discours à New-York, M. Cox est allé à Carlisle (Pensylvanie), où le professeur Wilson lui a donné à analyser une prétendue eau-de-vie de France et du Xérès pâle, achetés assez cher à New-York et destinés à servir de remèdes. L’analyse a prouvé que c’étaient de vils mélanges qui devaient tuer à la longue, plutôt que guérir les patients auxquels on les aurait administrés. Dans le Xérès principalement, M. Cox ne put pas trouver une seule goutte de raisin ; par contre, il y découvrit en abondance de l’acide sulfurique, de l’acide prussique, de l’alun et d’autres ingrédients empoisonnés.

« Voilà, les boissons que les sociétés de tempérance les plus strictes permettent aux malades. Il est triste de penser que dans le verre de cognac offert par un ami, dans la cuillerée de vin présentée par une mère aux lèvres de son enfant débile, il y a un poison qui mine peu à peu la santé la plus robuste, multiplie d’une manière effroyable les cas de consomption, et n’amène que trop souvent ces accès terribles de delirium tremens ou de monia a potu. Et pourtant, c’est pour protéger cette fatale industrie nationale, que les moralistes et les économistes des États-Unis maintiennent, sur les vins salutaires et les eaux-de-vie généreuses de France, ces tarifs élevés qui en rendent la consommation inabordable pour la masse de la population ! »