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l’explication la plus satisfaisante que l’on puisse donner de l’existence du fait en question. Passons outre, nous reviendrons peut-être sur ce sujet un peu plus loin. L’odeur particulière que l’on connaît au brandy est due, tout aussi bien que sa saveur, à la présence d’une huile volatile obtenue du fruit de la vigne. Mais encore une fois l’odeur et la saveur ne peuvent pas être invoquées ici en faveur d’une boisson alcoolique ; l’odeur, la saveur et la couleur sont des caractères physiques, mais ce sont des conditions qu’on peut facilement obtenir, qu’on peut donner à une liqueur qu’on a intérêt de falsifier. Et d’ailleurs, qu’on ne l’oublie point, la falsification la mieux entendue consiste précisément à donner à la liqueur qu’on falsifie tous les caractères physiques de la liqueur véritable, de la liqueur à l’état de pureté. On ne doit donc pas ajouter une grande confiance à ces caractères physiques, puisque l’on voit des liqueurs possédant absolument les mêmes caractères physiques trahir cependant une composition des plus dissemblables. Il y a peut-être un moyen de savoir si la liqueur que l’on achète est pure ou non. — Oui ? et quel est donc ce moyen ? — Mais chaque bouteille de la liqueur en question ne porte-t-elle pas le cachet et le nom de celui qui prépare cette liqueur ? Et lorsque le nom est recommandable, lorsque c’est un nom bien connu, et lorsque le cachet est authentique, ne peut-on pas alors ajouter foi aux propos du marchand, qui veut nous inspirer une légitime confiance ? — Soit ; mais cette authenticité du cachet, qui vous la garantira ? Vous n’ignorez pas, je suppose, que certains marchands (et le nombre en est plus considérable qu’on ne se l’imagine communément) importent directement d’Europe les étiquettes dont ils ont besoin pour les différentes boissons fabriquées souvent bien loin du pays dont vous voyez apparaître le nom sur l’étiquette en question. Les étiquettes, tout aussi bien que les caractères physiques, ne doivent donc pas inspirer une confiance aveugle, illimitée. Mais revenons au brandy ; cette liqueur, à l’état de pureté, offre dans quelques-uns de ses composants la proportion suivante :

Alcool 50 à 60 %
Matières solides 1.2
Acides 1 grain par once
Sucre 0 ou traces.

Parkes, qui donne ces chiffres, ajoute que si l’on trouve du sucre dans le brandy, il faut nécessairement que cette substance ait été ajoutée à la liqueur, puisqu’à l’état de pureté, le brandy n’en doit pas contenir.

Examinons maintenant l’échantillon de brandy que j’ai devant moi. L’étiquette porte l’inscription suivante : Old Brandy