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nous place. Et ce qu’il nous propose, c’est une méthode à l’aide de laquelle nous puissions diriger notre conduite.

Cette méthode de M. Rauh consiste à suivre, mais après les avoir « éprouvées », les croyances morales que nous possédons. Une croyance morale, dit M. Rauh, ne se prouve pas, elle s’éprouve[1] ; c’est l’expérience qui révèle si cette croyance est solide, l’irrésistibilité d’une croyance morale étant en définitive le critérium de sa validité[2].

Toutefois l’ « expérience morale », pour être décisive, doit satisfaire à de certaines conditions. Il faut que l’agent soit sincère, qu’il prenne conscience des vrais motifs qui inspirent ses actions, des convictions qui réellement sont en lui. Il faut encore qu’il soit informé, c’est-à-dire qu’il connaisse les conséquences des actions qu’il se propose d’accomplir, les sentiments que ces actions feront naître chez les autres. Il faut, en troisième lieu, qu’il soit impartial, désintéressé, qu’il ne regarde pas les choses d’un point de vue personnel[3]. Adoptons cette triple attitude : alors nous n’aurons pas mieux à faire que d’obéir aux croyances que la pratique laissera subsister en nous, ou auxquelles elle donnera naissance.

En fin de compte on aura, procédant comme veut M. Rauh, une multiplicité de croyances, de principes moraux. C’est une chimère, aux yeux de M. Rauh, que de prétendre ramener à l’unité les règles de la conduite. Sans doute l’objet de la morale est de déterminer

  1. P. 15 (i, §2).
  2. P. 2 (1, §1).
  3. Voir chap. 10.