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humaine. On peut sans doute s’avancer plus qu’il ne fait, et affirmer que la nature humaine est dès maintenant, qu’elle est depuis longtemps suffisamment connue pour qu’il soit possible, non pas certes de construire toute la morale, mais du moins de donner à celle-ci son fondement. Je ne conteste pas l’intérêt très grand de la vaste enquête que les sociologues ont entreprise, l’importance, pour la morale en particulier, des résultats que donnera « l’analyse patiente, minutieuse, méthodique, des mœurs et des institutions où se sont objectivés les sentiments et les pensées » des hommes. Comme on le verra par la suite, j’estime que les prescriptions morales doivent être basées sur la connaissance de ceux à qui elles s’adressent, et qu’ainsi la détermination de ces prescriptions suppose l’étude, non seulement de la psychologie des diverses sociétés, mais de celle des individus. Mais s’il ne s’agit que de choisir le principe suprême de la morale, il ne sera besoin que de posséder quelques vérités psychologiques élémentaires, et qui sont à notre portée. L’épreuve révélera si la tentative a été bien conduite, si le philosophe qui produit une doctrine morale nouvelle a bien vu les vérités psychologiques dont je viens de parler, s’il les a vues toutes, s’il n’y a mêlé aucune erreur ; mais rien n’autorise à condamner cette tentative par avance, à la déclarer chimérique.

Je me suis appliqué à réfuter les arguments par lesquels, dans ces dernières années, on a cherché à démontrer l’impossibilité d’une « morale théorique »[1].

  1. Je n’ai pas, à vrai dire, examiné tous ces arguments. J’ai laissé de