toujours subtile et ingénieuse, les plus importantes des notions morales ; mais il a fait œuvre de destructeur avant tout, et les idées positives que l’on peut tirer de son Introduction à la science de la morale[1] se réduisent à peu près à rien. M. Durkheim, s’il s’est élevé contre les méthodes par lesquelles les philosophes en général ont cherché à résoudre le problème moral, si dans l’exposition de ses idées il a incliné souvent vers la conception absolue que je vais discuter — c’est ce qui m’autorise à parler de lui ici —, a cependant une morale, et il sait qu’il l’a[2]. M. Lévy-Bruhl va, dans la critique et dans la négation, beaucoup plus loin que M. Durkheim, presque aussi loin que M. Simmel[3] ; mais à la différence de ce dernier, il ne nous laisse pas, en fin de compte, en présence du néant ; adversaire de la morale philosophique, de ce qu’il appelle la métamorale, il prend soin d’indiquer ce qu’il y a lieu de mettre à la place de celle-ci. C’est pourquoi il est préférable, si l’on veut apprécier les vues de l’école, de les considérer chez lui.
Avant, toutefois, de discuter les vues de l’école sociologique — c’est le nom qu’elle se donne — relatives à la morale, je dois prévenir le lecteur que dans la discussion de ces vues, comme d’ailleurs dans la plupart des discussions de doctrines que contiendra ce livre, je m’attacherai moins à saisir la pensée exacte des auteurs, avec les atténuations, les réserves qu’elle
- ↑ Einleitung in die Moralwissenschaft, Stuttgart et Berlin, Cotta, 2e éd., 1904.
- ↑ M. Richard, semblablement, conclut, dans son article sur Le conflit de la sociologie et de la morale philosophique, à la légitimité et à la nécessité de celle-ci (Revue philosophique, janvier 1905).
- ↑ Voir La morale et la science des mœurs.