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morale autre chose que cette imitation en nous et par nous de l’autorité extérieure ; il n’en reste pas moins que le fait noté par lui est exact, et qu’il contribue à expliquer certains des caractères de l’ « obligation » telle qu’on la sent, telle qu’on la conçoit d’ordinaire.

Et voici toute une série nouvelle de mobiles non rationnels qui nous portent à nous conformer aux prescriptions morales. C’est l’amour de Dieu, dont on croit que ces prescriptions émanent. C’est le culte des prophètes, des chefs qui les ont édictées. C’est la vénération pour les parents, qui les premiers nous les ont fait connaître[1], ou encore pour les maîtres, pour les amis de qui nous les tenons. C’est la sympathie, c’est la pitié, qui font que spontanément, sans penser le moins du monde au devoir, au bien, nous travaillons à soulager les misères de notre prochain ou à augmenter son bonheur. C’est l’orgueil, qui veut que nous puissions nous regarder comme supérieurs aux autres : parfois en effet nous chercherons cette supériorité dans l’observation plus rigoureuse des prescriptions de morale.

Cette énumération n’a pas la prétention d’être complète. Il appartient à la psychologie de dresser la liste de ce qu’on pourrait appeler les succédanés de la moralité rationnelle. Et la pédagogie utilisera ces recherches de la psychologie. Car ce serait une erreur de vou-

  1. Puisque je parle ici du rôle des parents dans l’éducation morale des individus, notons que cette disposition à l’obéissance dont il était question tantôt provient vraisemblablement en grande partie de la pratique de l’obéissance à laquelle tous nous avons été façonnés pendant les années de notre enfance.