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par là au développement de la moralité parmi les hommes. S’agit-il des « principes » politiques ? Ici, comme on verra plus loin, quelque chose de nouveau intervient, à savoir la contrainte. Mais ce sont encore les motifs ci-dessus indiqués qui font qu’il y a lieu de proclamer des principes, d’établir des lois inflexibles. La meilleure méthode, tout d’abord, paraît être celle qui laisserait aux administrateurs, aux magistrats, le soin de trancher toutes les questions en s’inspirant uniquement des circonstances particulières à chaque affaire. On ne saurait, toutefois, procéder ainsi, car en l’absence de principes, de lois obligeant les administrateurs, les magistrats, il serait trop à craindre — je veux m’en tenir à cette observation — que ceux-ci ne prissent conseil de leur passion ou de leur intérêt personnel au lieu de chercher l’utilité générale.

Laissons de côté la politique ; attachons-nous à la morale seule — au sens ordinaire du mot — : dira-t-on qu’il n’est pas tellement utile, au moins par rapport aux autres, que nous nous astreignions à obéir à des règles ? qu’il nous est loisible de manquer aux règles, du moment qu’on n’en saura rien autour de nous ? Tartufe disait que le scandale constitue tout le péché. Une telle proposition, entendue comme universelle, est manifestement contradictoire et absurde. Ne peut-on pas cependant la tenir pour vraie dans ces cas où la violation de la règle n’est pas un mal en elle-même, et en admettant que par cette violation de la règle notre moralité ne sera pas affaiblie ? On aurait ainsi deux pratiques, l’une extérieure, l’autre ésotérique. Seulement l’une des deux suppositions que l’on a dû faire pour arriver là est irréelle, à savoir la supposition que