Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le principe suprême de la morale une fois déterminé — et ce principe étant celui du plus grand bonheur —, la morale — j’entends ici la morale complète, celle qui comprend les applications du principe — pourra se constituer. Des indications ont été données déjà à ce sujet, qui à la rigueur peuvent être tenues pour suffisantes. Si tous nos actes doivent tendre à créer du bonheur, le plus de bonheur possible, il faudra, pour mesurer la bonté d’un action, savoir ce que cette action produira de bonheur et ce qu’elle produira de souffrance, tant par elle-même, immédiatement, que par ses conséquences plus ou moins lointaines. Ainsi il apparaît que la morale complète, comme je l’ai appelée, dépendra étroitement des sciences ; et elle dépendra surtout de trois d’entre elles : la physiologie, la psychologie, la sociologie.

La morale étant par rapport aux sciences dans cette dépendance, c’est principalement, à ce qu’il semble, des découvertes de la physiologie et de la sociologie que la morale peut espérer retirer du profit. Ce que nous trouvons de bonheur dans les différents modes où nous pouvons exercer notre activité, dans quel sens il nous convient de transformer notre caractère, notre nature pour nous rendre capables de plus de bonheur, tout cela, nous le savons assez bien : ces observations familières que


    qui est bon ? À cela je répondrai : on ne saurait séparer d’une part le fait que la raison a des exigences, et d’autre part le principe moral où la raison nous conduit ; ces deux choses constituent un bloc. Celui-là donc qui est convaincu que la raison nous engage à chercher le plus grand bonheur pour l’universalité des êtres sentants, celui-là consentira à qualifier de vertueux les hommes qui par respect pour la raison cherchent à réaliser, par exemple, tel idéal de beauté ou d’ordre : c’est là une pure affaire de dénomination ; mais il ne pourra attacher du prix qu’aux actions vraiment bonnes, c’est-à-dire aux actions qui créent du bonheur.